C’était le 27 avril à l’Hotel de Ville de Paris
A l’invitation d’Antoinette Guhl, adjointe à la Maire de Paris en charge de l’Economie Sociale et Solidaire, de l’innovation sociale et de l’économie circulaire, Green Cross a mis en débat l’ouvrage “économie circulaire et coopération décentralisée: des clés pour agir”, disponible depuis ce jour sur le site http://www.desclespouragir.fr
En introduction, Antoinette Guhl a rappelé les engagements de Paris, et la mise en place d’une réelle stratégie de coopération dans l’économie circulaire. Elle a également salué la diversité des actions locales d’économie circulaire, et présenté comment une mise en synergie des initiatives locales et avec les collectivités jumelées pouvait avoir des résultats concrets et opérationnels.
Jean-Claude Lévy a rappelé alors que l’économie circulaire est un processus graduel, intégratif, applicable à tous les niveaux, qui s’impose mais qui ne s’impose pas seul. C’est une hypothèse qui s’exprime par le concept tout autant que par l’action. L’économie circulaire est un outil qu’il nous faut apprivoiser, une manière de penser et d’agir pour et sur le territoire, elle ouvre des possibilités extraordinaires pour un processus décisionnel.
Lors de la première table ronde, modérée par Henri Landes, Denis Dangaix a fait part des retours d’expériences de la coopération initiée par l’ARENE avec Dakar – plus qu’un projet d’agro-écologie, de production d’énergie ou de développement local, c’est une coopération effective ayant permis l’apprentissage mutuel entre deux cultures, le développement économique et la rencontre de deux systèmes de gouvernance. Jean-Luc Da Lozzo a alors présenté le retour d’expérience du projet Cler’Verts et la synergie locale créée dans l’agglomération toulousaine entre des producteurs de fermentescibles, des utilisateurs de composts et d’énergie. Chacun peut le faire: la reproduction d’Organic’ Vallée est possible partout en France, et au-delà. Nicolas Imbert, présentant alors les éléments de méthodologie mis en valeurs dans l’ouvrage, rappelle que ces travaux impliquent des choses opérationnelles, réplicables. L’économie circulaire ne se décrète pas, elle se vie, se détecte, s’identifie, s’analyse et se fertilise: le top down ne marche pas en économie circulaire.
Les différentes expériences et contributions démontrent l’imbrication des enjeux sociaux et environnementaux dans l’économie circulaire. La coopération décentralisée y joue un rôle majeur et l’exemple de la coopération entre la région de Dakar et de celle de l’Ile de France menée par l’ARENE IDF en témoigne. Cette collaboration ne peut s’envisager sans une approche au plus près des territoires et des populations.
A l’issue de cette table ronde, Corinne Lepage a notamment préciser que beaucoup de choses pouvaient être effectuées, dès maintenant, et ce sans attendre de nouvelles mesures législatives. Ainsi, sur les 100 mesures préconisées dans son rapport sur les acteurs du nouveau monde, remis à Ségolène Royal en 2015, 80 peuvent être mis en place dès maintenant.
La mise en réseau est essentielle, tout comme la transversalité, permettant à chacun de contribuer.
Après cette première table ronde, il a été procédé à la remise des prix et au lancement de l’exposition photo: économie circulaire et coopération décentralisée, en présence des lauréats.
Le palmarès a été promulgué:
3ème prix – 3 ex-aequo: Séverine Beaudot, Marie’L, Anita Pouchard Serra
2ème prix – 2 ex-aequo: Maylïs Rebeyrotte et Fred Payet
1er prix: Baudouin Mouanda
Prix spécial du jury: Ania Freindorf
Il a ensuite été procédé au lancement de l’exposition.
Lors de la seconde table ronde, de nombreux échanges passionnés ont eu lieu sur l’importance de l’éducation, de la mobilisation de tous, entreprises, territoires, dirigeants et sociétés civiles. L’échelle pertinente d’une économie circulaire est celle du territoire, de sa population, de son économie et surtout informelle.
Comme l’a rappelé Claire Tutenuit, La question de l’intégration de l’économie circulaire, qui ne soit pas une simple addition de fonctionnalités, sur ou -à la place – d’une économie linéaire pose question. Son acceptation aussi est l’une des clés à déterminer car l’économie circulaire doit s’imposer, certes, mais ne s’impose pas seule – elle est l’apanage d’entreprises, de territoires travaillant ensemble avec des citoyens.
Comment la détecter, comment la définir, comment la financer à l’échelle territoriale mais aussi dans les politiques de développement dans le cadre de l’aide au développement, constituent autant de points de questionnement auxquels les intervenants ont apporté par leurs expériences des réponses réplicables.
Une réponse au défi de l’intégration de l’économie circulaire réside incontestablement dans l’éducation tout au long de la vie. L’exemple fourni par l’IPAG Business School de Paris, que Dominique Bonet Fernandes a présenté, montre comment on peut intégrer cet enjeu au cœur de l’apprentissage en croisant les expériences, les domaines, les secteurs, comme en témoigne une étude du business model d’Emmaüs réalisée par des étudiants. Il illustre aussi que insertion, développement durable peuvent signifier rentabilité. C’est d’ailleurs le levier de la rentabilité qui fait intégrer l’économie circulaire dans les business models classiques des entreprises comme en atteste les exemples d’Etam ou de Paprec. Les flux offrent des opportunités de circularité mais aussi parfois des limites dues à l’éloignement des entreprises complémentaires. Cela suscite l’émergence de rôles nouveaux pour les entreprises et les collectivités comme le montre le projet Organic’Vallée.
Comme l’a rappelé en conclusion Mohammed Taoufik Adyl, la COP 21 cite l’économie circulaire comme solution et la COP 22 sera le temps des solutions. La problématique de l’eau au Maroc trouve des solutions dans une démarche locale puis régionale. Ces solutions peut être répliquées dans d’autres endroits du globe.
Le propre des clés est que celui qui les reçoit se les approprie pour, à son tour, ouvrir des possibilités. C’est en ce sens que l’ouvrage est désormais lancé, et que chacun peut s’en emparer.
Comment se procurer l’ouvrage ? ICI
Quelques photographiques complémentaires pour revivre l’événement.