Dans le cadre d’une mission d’information créée à l’initiative de la conférence des Présidents de l’Assemblée nationale, sur la gestion des événements climatiques majeurs dans les zones littorales de l’hexagone et des outre-mer, Nicolas Imbert a été interrogé aux côtés de Pierre Larrouturou par Mme Maina Sage le 3 juillet 2018. Retrouvez la vidéo de l’audition sur le lien suivant : http://vod.assemblee-nationale.fr/video.6337226_5b3b88059a642.gestion-des-evenements-climatiques-majeurs–m-nicolas-imbert-dir-de-green-cross-france-et-territ-3-juillet-2018
Nous vous laissons ainsi apprécier la synthèse informelle de l’audition que nous avons réalisée.
” Nicolas Imbert et Pierre Larrouturou ont été auditionnés par Maina Sage le mardi 3 juillet 2018 à l’Assemblée Nationale au sujet de l’étude des politiques publiques en matière de gestion climatique et notamment en termes de reconstruction et de prévention. L’accent a été mis sur la question des financements et de leur importance cruciale dans les politiques d’anticipation, de gestion de crise, d’alerte, et de reconstruction.
Cette audition a permis de souligner plusieurs points centraux sur ces questions, à savoir : la coordination et la coopération européenne et internationale ; les investissements financiers ; ainsi que l’équilibre entre les différents acteurs concernés par ces catastrophes et leur résolution.
Pierre Larrouturou, a exposé son « Pacte Finance Climat » (https://climat-2020.eu/fr/) auquel Green Cross réaffirme son soutien.
Nicolas Imbert a d’abord présenté Green Cross France et Territoires et ses travaux, notamment la Déclaration Universelle des Droits de l’Humanité. Lancée en 2015 en marge de la COP21 par Corine Lepage, ce texte dont Green Cross est rédacteur, co-signataire, et administrateur regroupe 4 principes, 6 droits, et 6 devoirs à l’égard de l’humanité et de son écosystème. Il a déjà été signé par des collectivités, des entreprises, des universités, des Etats, des organismes juridiques, et des citoyens ; et rassemble aujourd’hui une cinquantaine d’ambassadeurs dans 16 pays différents.
Durant l’audition, Nicolas Imbert a ainsi insisté sur la nécessité d’une approche « humaine et humaniste ». En effet, il existe un trop grand décalage entre les actions politiques et le terrain. Le curseur doit désormais être placé sur la solidarité et la coopération internationale et locale car le constat actuel est le suivant : nous observons un manque de concertation criant entre les différents acteurs politiques et civils, locaux et nationaux qui empêche la bonne gérance des problèmes climatiques (résolution ou prévention). Ces acteurs rencontrent également des difficultés à se coordonner et à construire une résilience commune et solidaire (à l’image de certaines régions de France comme l’Aquitaine) ; et les Accords de Paris, bien que prometteurs, sont pour le moment loin d’être appliqués et nous avons beaucoup de retard.
Pour répondre à ces constats, plusieurs solutions et pistes de réflexion sont proposées. Nicolas Imbert estime qu’il faut mettre un point d’honneur à s’adapter aux territoires concernés par ces catastrophes climatiques et ainsi trouver un équilibre entre les différents savoir-faire et les patrimoines. Il prend pour exemple le cyclone Pam qui avait ravagé le Vanuatu en 2015. Sur les rares infrastructures encore debout, la majorité étaient des constructions locales ou construites en utilisant les savoir-faire présents sur place ; tandis que les infrastructures bétonnées construites dans le cadre de plans internationaux n’ont pas tenu. Quoiqu’un peu caricatural, cet exemple alarme sur l’urgence d’agir sur un modèle d’ « équipe de France », c’est-à-dire par la coopération, la communication, et la solidarité, dans une seule et même impulsion.
Pour ce faire, nous pensons qu’il faut favoriser les « petits projets en dessous de 5 Millions d’€ ». Pour ces territoires, la « myriade de projets » est la méthode la plus adaptée : les projets sont portés par des acteurs locaux plus à même de construire leur propre résilience innovante. Ces projets innovants existent déjà et n’attendent qu’un coup de pouce financier. La consultation populaire est primordiale dans la gestion climatique, car qui mieux que les locaux peuvent créer des solutions adaptées à leur territoire ?
En ce sens, Nicolas effectue un retour d’expériences sur ses rencontres dans le cadre de l’action de Green Cross avec des acteurs politiques et locaux des territoires d’Outre-Mer. Il en dégage 5 points primordiaux. Premièrement, la reconstruction doit passer par un système durable et pérenne composé des différents savoir-faire ; et éviter au maximum qu’elle soit prise en charge par des acteurs mafieux qui entraineraient des dégâts terribles sur l’environnement et les littoraux de ces zones (pêche prédatrice, invasion de bateaux dans le lagon,…).
Deuxièmement, les dispositifs d’alerte précoces n’étant pas optimales, la « massification des moyens avec un schéma de coopération entre acteurs public et privés et à l’international » est à prévoir.
Troisièmement, comme cité plus haut, les gros projets ne sont pas adaptés à ces territoires et une place centrale devrait être accordée aux multiples projets locaux. Par exemple, le Fonds Barnier est un excellent outil qui vise à financer les dépenses liées à l’indemnisation des expropriations des biens exposés à ces risques, à la limitation de l’accès à ces biens et à leur démolition éventuelle, notamment en taxant les billets et bateaux à destinations des îles afin de réinjecter cet argent pour sa préservation.
Quatrièmement, la transition vers une économie circulaire insulaire aura un effet vertueux d’entraînement des pays riverains et permettra de constituer un point d’attractivité.
Dernièrement, le fonctionnement équipe de France devra reposer sur 3 pôles de résilience : océan atlantique, océan indien et océan pacifique.
Nicolas Imbert rappelle également la délicatesse de telles actions et qu’ « il ne faut pas oublier que des traumatismes peuvent en sortir » lorsque l’on change une manière de vivre. Il souligne « Le rapport au temps et aux générations qui doit être travaillé et anticipé ».
Sur la question de Mme Maina Sage de la nécessité d’une nouvelle loi, Nicolas Imbert répond qu’une nouvelle loi n’est pas nécessaire. Ce qui est important c’est de « penser en terme d’échéance », et dans ce sens fixer un cadre et une orientation politique de mobilité avec une mise à l’honneur de la dynamique européenne. Désormais il faut une loi ambitieuse avec une trajectoire claire et lisible, qui donne un cap. Ainsi il n’est plus temps de tergiverser mais il est temps d’agir.”