Dans le cadre du débat sur la Programmation Pluriannuelle de l’Energie, Green Cross France et Territoires a organisé le 28 juin 2018 un débat labellisé CNDP (Commission Nationale du Débat Public) et intitulé : « Financer la Transition Energétique des Territoires – Enjeux et clés pour Agir». Des acteurs clés de la transition énergétique, de l’énergie, de la finance, ainsi que des acteurs politiques et des experts se sont réunis autour de deux tables rondes.
Nicolas Imbert, Directeur exécutif de Green Cross, Laurent Jacquier-Laforge, CIO Equity du Groupe La Française, et Floran Augagneur, Vice-Président de la CNDP, ont introduit le colloque en rappelant la complémentarité des acteurs économiques dans la transition énergétique, ainsi que la pluralité des solutions possibles pour amener à une transition systémique.
La première table ronde portait sur le thème suivant « Les leviers de financement de la transition énergétique et l’impact sur les territoires ». Les intervenants ont insisté sur le rôle central des territoires dans la transition énergétique, autant comme acteurs institutionnels qu’en tant que forces de propositions et stimulants locaux. « La transition énergétique doit se faire par et pour les territoires » énonce Thierry Trouvé, Directeur Général de GRTgaz, et insistant sur son aspect soutenable au sens tant économique qu’environnemental.
Cette intervention fera écho à celle de Rizlane Bibaoui, Directrice générale adjointe attractivité et cohésion du territoire à la Communauté Urbaine de Dunkerque, dont l’exemple de la ville de Dunkerque sera particulièrement encourageant. Faisant appel à de nombreux leviers de financements européens, nationaux, ou territoriaux, le territoire Dunkerquois cherche et trouve les outils nécessaires à la mise en œuvre de ses objectifs en termes de transition énergétique, et entre en action. Rizlane a ainsi justement souligné : « On n’a pas d’autre choix que d’être dans une transition inclusive et durable […] Je milite pour une espèce de droit commun de la transition énergétique en terme de financement avec une massification et une durabilité de l’accès à ces outils. »
Cependant, la question économique ne possède pas toujours pas même place dans la transition énergétique. Michel Gioria, Directeur de l’ADEME Ile de France, insiste sur une logique d’offre et de demande avec la nécessité de soutenir au maximum l’offre, et ainsi asseoir une sécurité financière. Cela en passant, par exemple, par des fonds d’investissement. D’une autre manière, Carmen Munoz, Directrice de Citelum (filiale éclairage et services connectés d’EDF), prend pour modèle la smart city qui finance des infrastructures grâce aux économies d’énergie réalisées. Pour cela, les Contrats de Performance Energétique sont un très bon véhicule mais il faudrait que leur financement ne soit pas considéré comme une dette dans les comptes des collectivités locales, à l’image de ce qui se fait déjà dans d’autres pays européens.
Ainsi, cette première table ronde a permis d’interroger les enjeux liés à la question du financement pour les territoires et d’apporter des pistes de solutions concrètes pour y répondre. Mais également d’insister sur l’importance des nouvelles formes d’énergies comme le gaz renouvelable dans la transition énergétique des territoires.
La partie « Regards Croisés » a été introduite par la présentation du « projet marémoteur» par Paul Leslie, directeur développement chez Tidal Lagoon Power. De projet a prouvé une nouvelle fois l’existence de solutions durables pour créer de l’électricité : cette fois ci grâce à un lagon artificiel reproduisant le mouvement des marées.
Un éclairage de Bertrand Badré, Directeur Général et Fondateur du fond d’investissement Blue Like an Orange, a permis de rappeler l’importance de « réarticuler le système financier » autour de la transition énergétique afin de répondre aux nouveaux besoins et exigences qu’elle amène.
La deuxième table ronde portait sur « Les outils de financement et retours d’expérience ». Cette table ronde a mis en exergue l’importance d’une action collective autant citoyenne qu’institutionnelle, et a mis en avant la nécessité d’exploiter d’avantage les réseaux de stockage d’énergie existants, notamment pour le gaz.
Myriam Maestroni, Présidente de la Fondation E5T et Directrice générale fondatrice de Economie d’Energie SAS & The Blu Effect, dans une note positive, a souligné l’urgence d’une mobilisation collective des parties prenantes. Elle a insisté sur une alliance approfondie de plusieurs niveaux : entre le public et le privé, les hommes et les femmes, ainsi que l’Etat et les collectivités territoriales.
Michel Derdevet, Secrétaire Général d’Enedis, a également insisté sur un fonctionnement systémique comme enjeu de résilience en cas d’urgence, afin d’anticiper une réponse rapide par l’investissement et le financement.
Pour Catherine Leboul-Proust, Directrice Stratégie chez GrDF, ce sont les coûts complets qui priment et leur optimisation. Elle estime qu’il faut associer un signal politique de rehaussement de l’ambition en matière de gaz renouvelable qui tirera des économies d’échelle avec un engagement d’optimisation et de réduction des coûts.Les réseaux gaziers déjà existants jouent à cet égard un rôle primordial car ils permettent de stocker aisément – et sans nouvelles construction – le biométhane et autres formes de gaz renouvelable.
C’est dans la même trame que s’inscrit Bernard Aulagne, Président de l’association Coénove, au sujet de l’utilisation des réseaux existants. Il ajoute également que les outils de financement ont un rôle central pour participer à la rénovation des bâtiments en mode « durable », et donc qu’il existe une complémentarité entre les différents acteurs de la transition énergétique.
Enfin, Eric Villalonga, dans son allocution vidéo, a partagé son expérience avec la chambre monégasque des énergies renouvelables et nous a fait part des difficultés qu’il a rencontrées.
La table ronde s’est terminée sur une réflexion générale autour du rôle des citoyens et plus spécifiquement, de leur rôle et des moyens à leur disposition pour agir de concert avec les acteurs économiques et institutionnels. La discussion s’est étendue à la question du numérique, où Catherine Leboul-Proust et Michel Derdevet ont proposé les solutions intéressantes suivantes : la création d’un forum à l’échelle des territoires dans le souci de respecter les droits et les libertés des citoyens ; ou encore la création de groupes de travail sur le financement participatif pour protéger les données des consommateurs.
Floran Augagneur a symboliquement clôturé le débat alors que le débat sur la PPE prenait fin à minuit le soir même.
Nous souhaitons remercier tout particulièrement les intervenants pour la qualité de ce débat et leurs interventions très pertinents. Merci également à la CNDP de nous avoir fait l’honneur de porter son label, ainsi qu’aux participants pour leur présence, leurs questions, et Groupe La Française qui nous a reçus dans ses locaux.
Retrouvez les vidéos-interviews des intervenants ici et sur notre page Vimeo :
- Bernard Aulagne : https://vimeo.com/278768696
- Bertrand Badré : https://vimeo.com/278768692
- Carmen Munoz : https://vimeo.com/278768676
- Catherine Leboul-Proust : https://vimeo.com/278768666
- Floran Augagneur : https://vimeo.com/278768656
- Michel Gioria : https://vimeo.com/278768652
- Paul Leslie : https://vimeo.com/278768646
- Rizlane Bibaoui : https://vimeo.com/278768640
- Thierry Trouvé : https://vimeo.com/278768630
- Eric Villalonga : https://vimeo.com/278377808
Nous vous laissons apprécier quelques clichés de la conférence :