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Conférence IPAG – Green Cross du 4 novembre from GCFT on Vimeo.
Quatre semaines avant la COP21, de nombreux acteurs de la transition énergétique, et, plus largement de la transition écologique de l’économie se sont réunis au sein d’un amphithéâtre chargé d’histoire, celui de la Société de Géographie, désormais occupé par l’IPAG Business School, qui accueillait cette conférence par un mot de son directeur, Guillaume Bigot, dans lequel il a insisté sur la nécessaire mise en place d’un système économique positif et vertueux.
Cette conférence a été introduite par un grand témoin de la transition écologique, Corinne Lepage, qui a présenté ses travaux sur l’économie du nouveau monde et la mission qu’elle a dirigée pour la Ministre Ségolène Royal au mois de juin dernier.
Son rapport est porteur d’un mouvement, le MENE, Le Mouvement des Entreprises de la Nouvelle Economie, qui rassemble déjà 5000 entreprises ayant pour objectif de s’unir pour défendre l’avènement de la troisième révolution industrielle, à l’instar de ce qui se fait dans la région Nord-Pas-de-Calais.
Madame Lepage a conclu son intervention par un message volontariste : Nous allons mettre en œuvre les propositions que vous trouvez dans ce rapport.
A la suite, une première table ronde autour de la gouvernance énergétique, de ses enjeux des réponses à porter sur les territoires à rassemblée Nathalie Gysi pour Green Cross Suisse, Yves Marignac pour WISE Paris et Claire Roumet pour Energy Cities.
Claire Roumet, en tant que représentante d’un réseau de plus de 1000 villes européennes volontaires dans la transition énergétique, a axé son propos sur l’existence solutions pour mettre en œuvre la transition énergétique, que la différence peut se jouer à l’échelon local en citant comme exemple Vancouver, qui, au sein d’un Etat peu décentralisé a pu prendre la décision d’aller vers un mix 100% renouvelable à l’horizon 2035.
Yves Marignac a insisté sur le fait que face au dérèglement climatique, la réponse tient dans notre triple intelligence sur les usages, les équipements et les ressources énergétiques. Il est ainsi possible de ne s’appuyer à terme que sur les seules énergies soutenables, les énergies de flux. Ce système énergétique est 4D, déconcentré : il commence par les économies d’énergie puis l’évaluation des potentiels d’énergies renouvelables sur les territoires, des énergies décarbonées, diversifiées et démocratiques qui développent des modèles à l’opposé des grands groupes. Pour construire une trajectoire de transition, il apparaît urgent de bien questionner nos besoins.
Nathalie Gysi a poursuivi la discussion en présentant des éléments de la transition énergétique suisse et notamment le cout de sa sortie du Nucléaire suite à la catastrophe qui a eu lieu à Fukushima en 2011. Un cout estimé à environ 1 milliard d’euros par an jusqu’en 2050, seulement l’équivalent d’un café pris par une famille chaque mois sur la période pour financer cette transition. Cette politique de subvention aux énergies renouvelables est couplée à une politique très volontariste d’efficience afin que la consommation énergétique Suisse soit inférieure en 2050 à ce qu’elle était en 1970.
Selon Yves Marignac, une initiative similaire en France nécessite un changement complet de politique énergétique, mais est faisable avec un état qui deviendrait orchestrateur des politiques territoriales, au lieu d’imposer une stratégie descendante comme c’est le cas actuellement. La loi sur la transition énergétique nous donne une trajectoire, nous devons maintenant trouver le modèle économique, social et politique pour la mettre en œuvre.
Une seconde table ronde, composée de Pierre Astruc, pour GRT Gaz, de Robert Bell, professeur en management et de François-Michel Lambert, Président de l’Institut de l’Economie Circulaire, a axé son propos sur des retours d’expériences et des solutions à mettre en œuvre pour amorcer la transition.
François-Michel Lambert, de retour de Chine, a précisé, que la transition vers l’économie circulaire est en marche, la question de la consommation de ressources dans les nouveaux modèles économiques est absolument centrale dans ce pays de près d’un milliard et demi d’habitants. Les politiques locales doivent aider à cette prise de conscience et ce qu’on remarque lorsque l’on fait rouler des véhicules au biogaz issu des biodéchets des citoyens, c’est que si on communique dessus on accroit nettement l’effort de tri.
Pierre Astruc a rebondi sur cette intervention en développant le rôle que le gaz a à jouer dans la transition énergétique. Le besoin global de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre invite, à l’approche de la COP21, à faire évoluer notre système énergétique vers un mix sobre en carbone et de plus en plus décentralisé. Énergie fossile la moins polluante, le gaz est aussi de plus en plus vert, pouvant ainsi contribuer efficacement à cette transition énergétique. Garant d’efficacité énergétique industrielle, solution de stockage d’énergie, carburant alternatif peu émetteur, le gaz et son réseau contribuent à relier les territoires, favoriser le développement des filières de gaz renouvelables et à assurer la complémentarité entre les énergies avec des innovations telles que le Power to Gas.
Robert Bell a insisté sur la probable inefficacité de la mise en place d’une taxe carbone pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, en prenant un exemple simple. La taxe carbone, cette stratégie demanderait des taxes si élevées qu’elles en sont inatteignables. Par exemple, la dernière fois où la consommation de pétrole avait commencé à baisser, le prix du baril était d’environ 140$. Avec un Brent à 50$ le baril, je vous laisse imaginer le montant de la taxe à ajouter. Pour accélérer le déploiement des énergies renouvelables, il propose de défiscaliser les investissements sur les énergies renouvelables.Le but serait de provoquer un “tsunami de financements”. Aux Etats-Unis, la défiscalisation des investissements des forages des gaz et huiles de schistes a provoqué un développement massif des exploitations. Tous les coûts ont été amortis dans l’année provoquant un boom fiscal dans les régions riches en gaz et huile de schistes. Ce type de défiscalisation a eu un effet de levier massif
En conclusion, Monsieur Josias Gasser Conseiller National Suisse (Grisons) et vice-président du groupe parlementaire Suisse pour la transition énergétique a présenté la transition énergétique dans le pays Helvète, une transition qui débute, il le regrette, avec du retard sur de nombreux pays européens, mais qui dispose d’ambitieux objectifs. La sortie du nucléaire, soutenue par la population suisse, se fera en parallèle d’une baisse des besoins énergétiques, que ce soit de chaleur ou d’électricité. Elle permet de rendre l’économie plus compétitive et d’investir dans une modernisation des logements. Il a tenu à ajouter que d’un point de vue économique, le nucléaire face aux renouvelables ne se justifie pas.