Tribune – Energie collective

L’énergie chère, accélérateur des transformations, développe l’emploi sur les territoires en apportant des réponses concrètes à l’urgence climatique

 

Tribune initialement publiée dans le Cercle les Echos, en date du 3 février

 

L’énergie chère est une réalité en France depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Cette cherté de l’énergie est une illustration parmi d’autres de la fin des énergies fossiles, ces énergies faciles sur lesquelles nous avons construit l’énergie du 20ème siècle.

Face à ce défi, les recettes qui permettront d’améliorer rapidement la résilience et de construire notre souveraineté énergétique sont les mêmes que celles qui nous permettent de changer d’échelle dans le passage à l’action climatique, et d’avoir une réponse territoriale, nationale et européenne à la hauteur des enjeux. Il s’agit de comprendre et de changer, en utilisant l’efficacité énergétique – et en particulier la rénovation énergétique massive du bâtiment et du secteur tertiaire – comme un levier de transformation. Nous pourrons ainsi accélérer notre migration vers les énergies 4D, celles qui sont à la hauteur des enjeux du 21ème siècle : Décarbonées, Diversifiées, Déconcentrées, Démocratiques.

Pourquoi agir massivement maintenant ? Il s’agit d’anticiper les enjeux énergétiques et de sécurité d’approvisionnement, de développer des modèles faiblement carbonés et peu impactant sur la qualité de l’air, la biodiversité et les ressources. La France a les moyens pour réussir cette transformation, de nombreux territoires européens sont en train d’en faire une réalité concrète, chacun à leur manière mais avec une vision et des modalités inspirantes.

Très intense en argent public, le bouclier énergétique s’inscrit à contre-courant d’une démarche d’investissement et de transformation vers une économie bas carbone. En réduisant artificiellement le coût de l’énergie, il peut allonger le temps de retour sur investissement de projets qui ne deviennent alors plus finançables.

Les gisements d’emplois, et en particulier d’activités artisanales ancrées dans les territoires, sont essentiels dans les secteurs de la transformation écologique face à l’énergie chère. Le seul secteur de la rénovation énergétique permet de créer dès cette année des emplois dans tous les corps de métier du bâtiment, à condition de mettre en place les outils de formation, de support et de certification permettant de s’assurer de l’atteinte réelle des objectifs assignés.

Alors que se posent les questions tant de l’emploi, en particulier des jeunes, sur les territoires et tout au long de la vie et du financement tant des retraites que de l’assurance chômage, des dispositifs d’investissement ciblés, précis et atteignant les objectifs assignés peuvent produire des contreparties significatives dans l’assainissement des comptes publics et la cohésion des territoires. A ce titre, la rénovation du bâtiment, le développement de l’installation d’énergies renouvelables de proximité et le développement de l’autoconsommation collective sont trois priorités opérationnelles à déployer dans l’année. Et autant de matière pour éviter aux générations actives et aux jeunes une dette publique qui ne permettrait plus de répondre correctement aux urgences écologiques.

Nous pouvons aujourd’hui, à l’échelle d’un quartier ou d’un cluster d’entreprises, d’une agglomération, d’une région ou d’un pays, faire le choix de l’investissement raisonné et d’une transition utile et enthousiasmante vers l’efficience énergétique, pour voir l’avenir en 4D – Beaucoup d’investisseurs et d’entrepreneurs le font déjà. Sur ces retours d’expérience, nous souhaitons désormais appeler massivement à changer d’échelle, et à transformer ce défi de l’énergie chère en opportunité de bâtir un futur plus serein, apaisé, enthousiasmant, économiquement performant et à risques maitrisés.

 

Premiers signataires :

Sébastien Barles, Adjoint au Maire de Marseille, Délégué à la transition écologique, au climat et à l’Assemblée citoyenne du futur

Hasmik Barseghyan – Présidente du Parlement européen de la jeunesse pour l’eau, Membre du Conseil mondial de l’énergie.

Grégory Berkovicz, Président de GB2A-Avocats, auteur de Réussir son projet de performance énergétique

Donald François, Président fondateur, SerenySun

Nicolas Imbert, directeur exécutif de Green Cross, ingénieur centralien de Lyon et auteur de Plaidoyer pour un monde (plus) durable 

Corinne Lepage, avocate, ancienne ministre de l’environnement, ancienne députée au Parlement européen

François-Xavier Oliveau, essayiste, auteur de La crise de l’abondance

Pascal Petit, économiste au CNRS, Université de Sorbonne Paris Nord

Virginie Wallut, Directrice de la Recherche et de l’ISR immobilier, groupe La Française

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