La phase actuelle de négociation est critique pour le futur commun de l’humanité. Voici le message de Jean-Michel Cousteau aux négociateurs
J’ai grandi au bord de la mer Méditerranée, dans le Sud de la France, et ai commencé à plonger à l’âge de 7 ans. Mon père, Jacques-Yves Cousteau, son équipe et moi-même, ont produit de nombreux films documentaires pour présenter les merveilles des océans au public.
Au cours de mes 70 ans de plongée, j’ai découvert des endroits magnifiques de par le monde. Mais j’ai aussi assisté à la destruction de la planète. Maintenant, et c’est nouveau, nous devons affronter le plus grand défi de l’histoire humaine : l’accélération du changement climatique. Avec les dirigeants et gouvernants mondiaux réunis à Paris – et le monde entier qui regarde.
Le temps est plus que compté. Il y a eu assez de discours. Nous devons prendre désormais action, maintenant, pour infléchir la trajectoire de notre futur commun. Nous devons nous focaliser sur les solutions. Aucune nation ne sortira vainqueur d’une augmentation des émissions de gaz à effet de serre, d’une montée des températures ou d’une détérioration de la santé des océans. Nous gagnerons si nous protégeons les terres et océans.
Chaque nation dans le monde gagnera si nous nous rassemblons pour trouver des solutions. Chaque nation aura quelque chose à gagner si nous réalisons que la qualité de nos futurs dépend de la santé de la planète. Confrontée à ce défi, l’espèce humaine innovera de manière remarquable, et peut s’adapter aux besoins changeants de notre époque. Nous sommes la seule espèce sur la planète qui peut faire le choix de ne pas disparaître.
Aujourd’hui, les connaissances sont plus importantes que jamais, et nous pouvons communiquer pour atteindre l’ensemble du monde. Nous savons que le climat se dérègle rapidement, que la biodiversité est altérée, et l’eau de la planète de plus en plus polluée. Mais ensemble, nous pouvons résoudre ces problèmes. Les opportunités de création d’activités sont sans fin. Nous pouvons mieux capter l’énergie du soleil, des vents, des marées et courants. Nous pouvons réemployer ou recycler les produits chimiques avant qu’ils ne rentrent dans l’océan, et cultiver durablement l’océan. Les possibilités de développer nos communautés humaines tout en protégeant notre bien commun sont multiples.
Il n’y a qu’un seul système d’eau, et ensemble, nous vivons sur une seule planète de terre et d’eau. Nos vies sont toutes liées, et nos futurs intimement connectés. Construisons le futur de l’eau et des énergies propres qui nous permettra de vivre. Le temps de l’action, c’est maintenant.
Vous pouvez retrouver cette déclaration en français et en anglais.
Décryptage du texte du 10 décembre
Nous avons revu le texte du 10 décembre (http://bit.ly/UNFCCC_draft_dec10) à la lueur de nos 8+1 mots-clés… et voici le résultat.
A moins de 6 heures de la clôture prévue des négociations, le statut juridique du texte n’est toujours pas tranché, ni ce qui est contraignant et ce qui ne l’est pas. C’est un obstacle majeur pour en faire un texte d’action et de réponse à l’urgence climatique.
Le rôle des acteurs non-étatiques, essentiel dans les progrès et actions annoncées pendant la CoP21, est reconnu. L’adaptation fait l’objet d’une attention désormais plus en rapport avec les enjeux. Mais le dispositif de réponse est trop lent : avec une première revue quinquennale globale des émissions en 2024, le texte désavoue le GIEC et ne répond pas à l’urgence climatique. L’ambition de co-construction d’un futur souhaitable (qu’il s’agisse de financement, de transferts de technologie ou de coopération) n’est pas en rapport avec les enjeux. La cible 2050 n’est plus définie, ni les engagements concrets sur l’énergie, l’alimentation, la préservation de l’eau et des océans.
Ce texte est une incantation, non un cadre d’action: l’ambition affichée de réduction du dérèglement climatique à 2°C nécessite des moyens sans commune mesure avec le contenu du texte. Nous espérons que les engagements et plans d’actions des pays (INDC), ainsi que les solutions issues du Plan d’action Lima Paris (LPAA) seront eux développés, poursuivis, partagés très rapidement et surtout mis en oeuvre dès que possible.
Nos curseurs par rapport aux 8+1 mots-clés que doivent comporter un accord ambitieux
1 – Rôle des gouvernements locaux |
2 – Suivi effectif et révision des engagements |
3 – Pertes et dommages |
4 – Approche inclusive sur les territoires |
5 – Reconnaissance des savoirs traditionnels |
6 – Financement (à l’échelle des territoires) |
7 – Accélération de la mise en réseau des solutions |
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Droits humains : urgent d’agir – reconnaissons dès maintenant la démarche entreprise vers une déclaration universelle des droits et devoirs de l’humanité (www.droitshumanite.fr), et proposons un procédé pour la reconnaître en moins de 12 mois.
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Evolution de la gouvernance pour la CoP22 : les négociateurs sont dans une bulle trop éloignée de l’action. Plus que jamais, une refonte en profondeur du processus de décision UNFCCC est impérative. Retrouvez sur https://www.youtube.com/watch?v=YZjqSN6ybeM la vidéo de Nicolas Imbert sur le sujet.