De Agnès PEDRERO (AFP) |28 sept. 2011|
GENEVE — Six mois après la catastrophe de Fukushima, le Parlement suisse a approuvé la sortie progressive du nucléaire, après le feu vert mercredi du Conseil des Etats (chambre haute).
Ravivant les inquiétudes sur la sécurité de l’atome, le très grave accident nucléaire au Japon avait poussé le gouvernement suisse — le premier à réagir dans le monde — à recommander de ne pas remplacer les cinq réacteurs en fonctionnement dans la Confédération helvétique à l’issue de leur période d’exploitation, soit d’ici à 2034.
Un tournant dans la politique nucléaire suisse que les députés avaient approuvé en juin.
Les sénateurs ont fait de même mercredi. Ils ont toutefois apporté une modification importante puisque la version adoptée précise qu'”aucune technologie ne sera interdite”.
Outre des mesures encourageant l’énergie renouvelable et l’efficacité énergétique, le texte voté par la chambre haute exige également la poursuite de la recherche dans le nucléaire.
“Les conséquences de Tchernobyl et Fukushima dans nos mémoires, nous saluons l’initiative suisse et nous espérons que (…) la Suisse ouvrira la voie en Europe et dans le monde de la transition vers l’énergie verte”, a déclaré Alexander Likhotal, président de la Croix Verte internationale, une ONG créée par l’ancien président russe Mikhaïl Gorbatchev.
A la suite du vote des sénateurs, le dossier doit à nouveau être soumis aux députés.
L’Association des entreprises électriques suisses a pris acte du vote des sénateurs, mais souhaite que “la décision définitive concernant la politique énergétique future soit prise dans le cadre d?un processus démocratique”.
Pour sa part, la ministre de l’Energie, Doris Leuthard, a de nouveau plaidé mercredi avec force en faveur de la sortie progressive du nucléaire.
La Suisse est à un tournant, a-t-elle déclaré en substance, il est temps de se tourner vers les énergies renouvelables afin de rattraper le retard.
La Confédération helvétique dispose de cinq réacteurs nucléaires, tous situés dans l’est du pays. Selon les recommandations émises fin mai par le gouvernement, le réacteur de Beznau I devra être découplé du réseau en 2019, ceux de Beznau II et Mühleberg en 2022, celui de Gösgen en 2029 et celui de Leibstadt en 2034.
La décision concrète de ne pas remplacer les centrales nucléaires au terme de leur durée de vie doit être décidée dans plusieurs mois par l’adoption de lois et d’amendements.
Les nouveaux textes de lois décidant de l’arrêt des centrales pourront par ailleurs être soumis au référendum populaire.
En mai, encore sous le choc de Fukushima, environ 80% des Suisses soutenaient la sortie progressive du nucléaire.
Si les citoyens devaient avoir à se prononcer par un vote, la question du coût de l’abandon du nucléaire devrait largement alimenter les débats.
La restructuration du parc énergétique suisse devrait coûter entre 2,2 et 3,8 milliards de francs suisses (entre 0,4 et 0,7% du PIB), selon les estimations des autorités helvétiques.
Pour sa part, la fédération des entreprises suisses, Economie suisse, estime que la sortie progressive du nucléaire est une “décision irresponsable”.