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Contexte
Le texte remis le 5 décembre à 12h, à l’issue de la première semaine de négociation (http://bit.ly/CoP21_dec5draft), n’est pas encore à la hauteur des enjeux de la conférence présidentielle du 30 novembre, ni de l’urgence climatique. Il reste moins d’une semaine pour rendre ce texte plus ambitieux, concret, opérationnel, approuvé et en application pour tous. Afin de contribuer à cet effort, Green Cross vous présente ici sa perception des 10 mots dont la présence – ou non – changera la portée du texte. Nous suivrons quotidiennement les avancées sur ces 8 + 1 mots-clés, qui manquent aujourd’hui et dont la présence rendraient le texte acceptable eu égard aux enjeux.
Les 8 +1 mots-clés qui font aujourd’hui défaut
1 |
Rôle des gouvernements locaux : les collectivités locales ont montré, notamment via la déclaration de Lyon, l’importance de leurs engagements, les résultats concrets déjà obtenus et la capacité à travailler en réseau. Les reconnaitre et les engager dans le texte est essentiel pour l’efficacité des actions d’atténuation et d’adaptation.
2 |
Suivi effectif et révision des engagements : le processus proposé aujourd’hui est flou, très peu contraignant, lourd et long à mettre en œuvre. Nous souhaitons un processus agile, opérationnel, connecté avec l’économie et la consommation des ressources, mis en œuvre dès 2017, avec transparence et publicité des méthodes d’analyse et de reporting.
3 |
Pertes et dommages : la porte est désormais ouverte pour une aide spécifique aux pays les plus vulnérables au dérèglement climatique. Il s’agit désormais de proposer un mécanisme simple permettant aux pays les plus vulnérables de faire face aux effets du dérèglement climatique, de s’adapter et de contribuer à la transition écologique de leurs économies, et non uniquement de les considérer comme des « déplacés climatiques » en devenir.
4 |
Approche inclusive sur les territoires : une vision désincarnée du carbone et du climat, déconnecté des actions concrètes qui le génèrent (alimentation, énergie, habitat transports et modes de vie, gestion de l’eau et des océans, investissement et finance…), rend l’empreinte carbone trop éloignée des réalités opérationnelles. C’est en reconnaissant dans le texte la possibilité de fixer un prix au climat – possiblement différent par plaque géographique, et en définissant des axes de travail concret dans les émissions carbones que nous pourrons concrètement lutter contre le dérèglement climatique.
5 |
Reconnaissance des savoirs traditionnels : qu’il s’agisse d’adaptation ou d’atténuation, le rôle des savoirs traditionnels, et la nécessité de faire avancer conjointement science, innovation et savoirs traditionnels a disparu. Il est essentiel de pouvoir mettre en avant la reconnaissance des savoirs traditionnels dans le texte, afin de développer notre effectivité dans les réponses au dérèglement climatique, et d’affecter les moyens nécessaires à leur insertion dans les dispositifs d’alerte, de lutte contre le dérèglement climatique et d’atténuation.
6 |
Financement à l’échelle des territoires : les annonces et levées de financement restent floues et différencient mal le don, l’aide d’urgence, les prêts et avances remboursables et budgets de coopération décentralisée. Ces éléments doivent être précisés. Nous devons également nous assurer que les dispositifs d’aide soient accessibles à l’échelle des territoires, et permettent un financement diffus autant que concentré. Il est essentiel que les actions financées restent les droits des populations sur lesquelles le financement s’opère, et soient construits avec eux, pour des projets diversifiés, résilients, respectant la biodiversité et l’eau.
7 |
Accélération de la mise en réseau des solutions : ces solutions se mettent en place, concrètement, au nord comme au sud: on parle eau, littoral et océan, agriculture, transport, bâtiment, transition énergétique – ce sont des co-constructions entre les collectivités locales, les entreprises et les associations, englobant la science, les savoirs coutumiers, le partage d’expériences et la coopération décentralisée. Elles restent pourtant en marge des travaux et des engagements de l’accord, alors même qu’elles sont la clé à sa mise en œuvre effective.
8 |
Droits humains : le texte – et c’est une belle avancée – fait mention aux droits humains. Cette mention doit être précisée et concrétisée. Nous suggérons de mentionner le projet de déclaration des droits de l’humanité (www.droitshumanite.fr) et de proposer un processus de négociation pour en faire un élément de négociation en vue d’une adoption à la CoP22. Il est également essentiel que l’ensemble des financements opérés dans le cadre de l’accord le soient dans le respect des droits humains, et des aspirations des populations sur lesquelles les projets d’adaptation ou d’atténuation s’appliqueront.
Un petit peu différents des précédents, le dernier mot clé est en fait l’impact sur le processus des conférences des parties de la mise en œuvre des mots-clés précédents dans le texte.
+1 |
Evolution de la gouvernance pour la CoP22 : afin de mettre en œuvre les messages des Chefs d’Etat et de gouvernement délivrés au début de la CoP 21, il est essentiel d’incorporer dès la COP21 et encore plus sur la trajectoire COP21 / COP22, les avancées concrètes du Lima-Paris Action Agenda et des actions présentées par la société civile. Ceci permettra de faire réellement du texte issu de la COP21 la trajectoire des solutions, du concret et des engagements. Une telle démarche nécessite de reformater le dispositif de négociations pour une approche inclusive sur les territoires et un agenda climat connecté aux agendas géopolitiques, économiques et sociaux. Cette évolution devra être au plus tard visible 9 mois avant la CoP22 (Marrakech), afin de permettre un processus diplomatique et opérationnel revisité pour la préparation de la CoP22.
Il ne reste plus que 5 à 6 jours pour que ces mots-clés soient incorporés dans un texte que nous souhaitons le plus court, concret, inclusif et lisible possible, sans parenthèses ni crochet. C’est possible avec la plus grande impulsion présidentielle et ministérielle, mais ce sera difficile. C’est pourtant le seul moyen d’être à la hauteur de l’urgence climatique…et de l’histoire.
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Eight (+ 1) key changes needed to make an acceptable agreement in Paris
Following the first week of negotiations at COP21, the draft text released on 5 December does not yet rise to the climate challenge – or respond to the urgency for action that almost everyone agrees we are facing.
There is less than one week remaining to arrive at a text that is more ambitious, concrete, realisable and universally applicable. To that end, Green Cross has identified the key elements that will make or break this agreement.
- The role of local governments: local authorities have shown, most notably through the Lyon Declaration, their ability to produce concrete results and to work together as networks. It is essential to recognise and engage with these actors to ensure that their experiences with climate change mitigation and adaptation are incorporated into global efforts.
- Effective follow-up and monitoring of commitments: The process now being proposed is simultaneously weak and non-binding, as well as ponderous and slow to implement. Monitoring of commitments must be agile, operationally-focused, directly related to the economy and resource consumption, and in place by 2017. Analysis methodologies and reporting should be publicly available and transparent.
- Losses and damages: The door remains open to create a dedicated aid programme for the countries at greatest risk from climate instability. There needs to be a mechanism enabling these vulnerable countries to deal with the effects of climate change, to adapt, and to support the ecologically-responsible transformation of their economies – they cannot simply be left to be “climate refugees” in the making.
- An inclusive approach: A vision for a decarbonised future that does not directly address the sources of that pollution (in the food industry, energy, building, transport, lifestyle, water and ocean management, investment and finance) produces a “carbon footprint” far removed from reality. The text must introduce the possibility of fixing a price to carbon – perhaps differentiated by geographic region – and define the practical lines of action that can be pursued to reduce carbon emissions and fight climate change.
- Recognition of traditional knowledge: In both mitigation and adaptation, science, innovation and traditional knowledge can complement each other and advance together. It is essential that recognition of traditional knowledge be put forward in the agreement text, ensuring more effective responses to climate change by incorporating traditional knowledge into awareness-raising, fighting climate change and adapting to climate instability.
- A financial mechanism equal to the need: Pledges and levies of funding have so far been piece-meal, and ambiguously divided between donations, emergency aid, loans and “decentralised cooperation” budgets. These must be precisely elaborated. These aid mechanisms must also be clearly accessible to those who need them, and available for widespread use and not only as concentrated packages. Financed activities must be founded on the rights of the affected populations, developed in partnership with them. Projects should be diversified, resilient, and respectful of biodiversity and water.
- Accelerating the operationalisation of solutions: Concrete solutions must be put in place, in both developed and developing countries. Water, coasts and oceans, agriculture, transport, building, energy – all these sectors should see improvement across different contexts, co-developed between local populations, businesses and associations. They should incorporate science, local customs, experience-sharing and decentralised cooperation. This topic remains peripheral to the work and commitments around the agreement, despite being very much the key to effectively putting it into practice.
- Human rights: The text – to its credit – does mention human rights. But what this means must be clarified and concretised. The text should reference the Declaration of Rights (and Responsibilities) of Humankind (http://droitshumanite.fr/DU/?lang=en) and propose a negotiation process in anticipation of its adoption at COP22. It is also essential that all financial operations facilitated under the agreement respect human rights and the aspirations of populations subject to mitigation or adaptation projects.
Somewhat different from the others, the last key point touches on the COP process itself and its impact on the application of the preceding recommendations.
+1) Improving governance ahead of COP22: In order to put into practice
the messages delivered by heads of states and governments at the start of COP21, the real advances in the Lima-Paris Action Agenda and the activities recommended by civil society must be incorporated into the COP21 agreement and, particularly, into the COP21-COP22 roadmap. It will be especially important to reorient the negotiations towards a more inclusive approach, and towards a climate agenda more closely integrated into geopolitical, economic and social priorities. These changes must be seen at least nine months ahead of COP22 in Marrakech, in order to inform renewed diplomatic and operational processes in preparation for the next COP.
There are only five days left for these key items to be incorporated into a text that we hope will be as concise, concrete, inclusive and readable as possible – and without parentheses or provisos. It is possible, given a great deal of presidential and ministerial support, but it will be difficult.
This is, however, the only way to meet the urgent challenge of climate change. And to make history.