Perturbée par l’actualité internationale, en attente d’actions concrètes quant au financement effectif, sur les territoires, de l’adaptation et de l’atténuation, cette CoP 22 fut particulièrement peu intense en son cœur historique, les salles de négociations.
Mais nous aurions tort de penser qu’il ne s’y est rien passé, bien au contraire. Les thématiques de l’eau et l’agriculture connaissent des avancées, notamment par une mobilisation de l’Afrique qui se structure de plus en plus concrètement. Un énorme élan d’enthousiasme, et d’action de terrain, s’est dégagé du Women Leader’s Forum, avec de très belles initiatives entrepreneuriale. Et, plus que jamais, la MEDCOP, dont la prochaine édition sera en Sicile, les Oceania Meetings et autres forums régionaux multi-acteurs ont montré leur pertinence pour accélérer, par des initiatives volontaires et des coalitions d’action sur le terrain, la transition écologique de nos sociétés…et ce, via l’eau et l’assainissement, l’alimentation, l’énergie, la mobilité, le littoral et l’océan, le tourisme, la finance et l’économie,, la culture et les savoirs traditionnels.
Dans ce contexte, la création du fond vert pour les femmes sous l’égide du R20, des fondations Schwarzenegger, Di Caprio et Albert de Monaco, sont remarquables par leur caractère immédiatement opérationnel, la qualité des projets candidats au financement et leur capacité à être répliqué. Mais ces initiatives, quelle que soit leur valeur, ne doivent faire oublier une mobilisation étatique qui n’est pas à la hauteur des enjeux.
La CoP 21 avait consacré et mis en avant les îles et territoires insulaires, petits par leur surface terrestre mais grands territoires maritime. L’Accord de Paris insistait en particulier sur l’importance d’un accompagnement à la résilience, à l’adaptation et à l’atténuation des émissions de ces îles et territoires insulaires.mais, ils sont malheureusement inaudibles en ce début de CoP 22. Le Maroc a invité les petits Etats Insulaires, mais l’agenda de négociation ne leur permet pas une expression à la hauteur des enjeux.
D’un point de vue symbolique, il est essentiel, si il est encore temps, de tout mettre en oeuvre pour que la mobilisation sur l’océan de Juin 2017 ainsi que la prochaine Conférence des Parties puissent non seulement être présidées par Fidji, mais également avoir lieu sur le sol Fidjien et dans l’océan Pacifique.
M. Anthony Lecren, Ministre de l’Environnement et des Affaires Coutumières de Nouvelle-Calédonie, initiateur des Oceania Meetings, précise « il n’y a pas de compétition, mais un océan de solidarité entre le Pacifique et l’Afrique, dont le Maroc est au cœur. Nous devons désormais avancer beaucoup plus vite, et beaucoup plus concrètement. C’est pourquoi nous allons mettre en place, en 2017, le Green Pasifik Festival permettant de rendre concrète pour tous la nécessaire transition écologique de nos territoires terrestres et marins. C’est une manière concrète de mettre en mouvement toutes nos forces des territoires, des associations et des entreprises, en n’oubliant ni les échanges culturelles, ni les réalisations concrètes, ni les solidarités humaines ».
M. Bran Quinquis, Délégué intergouvernemental au dérèglement climatique pour la Polynésie Française, enchaîne « avec le Polynesian Leaders Group, nous mettons en place les outils et moyens pour améliorer notre résilience, tant en atténuation qu’en adaptation, et pour protéger notre océan commun, principal régulateur du climat mondial. Mais nous avons besoin d’être soutenus, notamment car les moyens mobilisés ne sont que très partiellement à la hauteur du dérèglement climatique que nous subissons. Et ce, de manière coordonnée avec tous nos collègues des grands pays océaniques. »
Demandée par le Président François Hollande en prévision de la CoP 21, la Déclaration des Droits de l’Humanité peut permettre dans ce contexte d’apporter des outils juridiques adaptés à la transition écologique et humaine que nos sociétés réclament. Le groupe de travail ayant conduit à cette déclaration, présidée par Mme Corinne Lepage, a été très présent lors de cette première partie de la CoP. Il a notamment obtenu la reconnaissance de l’Union des Comores, via son président M. Azali Assoumani, qui devient ainsi le premier chef d’Etat à reconnaître la déclaration.
Mme Corinne Lepage, avocate, ancienne ministre et coordinatrice de la mission sur la Déclaration des Droits de l’Humanité, déclare : « nous avons de nombreux Etats intéressés par la Déclaration. Les territoires, en particulier les Régions et villes capitales suivent actuellement l’exemple donné par Paris et Strasbourg, premières villes ayant reconnu cette déclaration des Droits de l’Humanité. Dans un contexte où les conférences des parties doivent démontrer des acquis concrets par rapport à leurs parties prenantes, cette Déclaration est un très bon outil, à reconnaitre rapidement et mondialement pour marquer concrètement la mise en action du cadre ratifié de l’Accord de Paris ».
Mme Houria Tazi Sadeq, Présidente de la Coalition Marocaine pour l’Eau, témoigne « La COP 22 a, après 21 COP , replacé la question de l’eau à sa juste place. Première victime des changements climatiques, l’eau se révèle via les INDC être LA priorité des pays du Continent africain. C’est une question transversale, qui devrait être abordée selon une approche globale dans le cadre du cycle de l’eau. Dès lors le littoral, cet entre deux entre la terre et la mer , exige une attention complémentaire. La résilience pour le Continent africain passe par des mécanismes multi acteurs, un financement conséquent, le renforcement des capacités et surtout une solidarité. C’est pourquoi la Déclaration pour l’Humanité se présente comme un texte pertinent qui renforcerait le droit a l’eau et encouragerait à son effectivité! »
Nicolas Imbert, directeur de Green Cross, confirme « Il y a donc urgence, dans les 72 heures de négociation restant, à agir concrètement pour que cette CoP 22 soit vraiment la conférence des solutions, par des financements à la hauteur des engagements déjà pris, par une meilleure mobilisation vis-à-vis des territoires insulaires, et par une transition écologique de nos sociétés, via notamment la Déclaration des Droits de l’Humanité. Ceci est encore possible, mais doit faire l’objet d’une volonté politique et opérationnelle de chaque instant. »
En conclusion, Jean-Michel Cousteau, Président de Green Cross France et Territoires, Chairman de Green Cross International, confirme « en assurant la transition écologique de nos économies, nous avons l’opportunité de créer des millions de jobs non délocalisables. C’est comme ceci que l’espèce humaine sera capable de prendre les mesures pour se sauver elle-même. Agissons maintenant encore plus et plus vite, il y a urgence ! Et commençons en 2017 par sortir les déchets plastiques de l’océan, en changeant nos comportements et en réparant la planète. »