La vision des peuples autochtones face au dérèglement climatique
La question que nous posent les peuples autochtones est la suivante : quelle planète allez-vous laisser à nos enfants, et quels enfants allez-vous laisser à notre planète ? Qui représente et est le gardien des droits de la nature, de l’air, de l’eau, de la forêt ? Qui donne la permission pour exploiter, forer ?
Malgré une reconnaissance de plus en plus répandue au sein des organisations internationales comme des sujets de droit, les peuples autochtones rencontrent encore des difficultés à faire valoir leurs droits. Par ailleurs, ils ne sont pas considérés comme des autorités étatiques et font donc partie, lors des négociations climatiques, de la société civile.
Cela vient notamment du fait que leur relation matérielle, spirituelle, économique (au sens oïkos et nomos, l’usage des ressources) avec la terre diffère complètement de la nôtre. Le rapport prédateur que nous entretenons avec la terre est dénoncé depuis les années 70, tout comme la recrudescence des conflits qu’entraîne la dégradation du système terre. Tom BK Goldtooth, d’Indigenous Environment Network, comparait leur relation à celle d’une mère avec son enfant. Il pense que le défi des peuples autochtones consiste à relayer leurs connaissances et point de vue au sein de la CCNUCC, afin de créer un nouveau paradigme.
Pour faire valoir leurs voix, les populations autochtones de 7 régions se sont réunies autour d’une position commune, au sein d’assemblées appelées CAUCUS. Leurs revendications pendant la COP consistent en quatre principes :
- L’inscription dans l’accord de Paris du respect des droits des peuples autochtones dans les politiques contre les dérèglements climatiques
- La reconnaissance de leurs savoirs traditionnels et modes de vie comme solutions à l’atténuation et à l’adaptation
- Leur participation au processus liés au dérèglement climatique et aux programmes locaux, nationaux et internationaux
- Un accès direct aux fonds de finance du climat, ce qui leur est difficile étant donné qu’ils ne sont pas reconnus comme des entités étatiques
Pour eux, la solution du marché n’en est pas une : le concept de croissance est opposé à la nature, et ne prend pas en compte ses limites. Le marché est perçu comme une manipulation de ce qui est sacré.
Pour Marie Rowe, les peuples autochtones sont remarquables de par leur résilience, ce qui justifie qu’il ait une alliance avec les chercheurs et les politiques car leurs connaissances sont complémentaires. Ils ne sont pas des victimes passives mais ont des solutions. La question de l’adaptation n’est nullement nouvelle pour eux, car elle a toujours été au cœur de leurs modes de vie : ils ont toujours connu les limites de la nature et pris en compte les générations futures, « respecter et conserver ».