A l’occasion de l’arrivée de la Solitaire du Figaro à Cherbourg, Green Cross France et Territoires (GCFT) a organisé une table-ronde consacrée aux enjeux environnementaux et économiques liés aux océans.
L’occasion pour l’association et son ambassadrice, la navigatrice Isabelle Joschke, de rappeler l’urgence de reconnaître le rôle des océans dans le maintien des grands équilibres de notre planète, et d’introduire l’idée d’une meilleure valorisation de ces espaces.
Isabelle Joschke, navigatrice et ambassadrice de GCFT, Nicolas Imbert, directeur exécutif de GCFT, et Serge Herbin, animateur du village de la Solitaire (Crédits photos : GCFT)
Encourager la gestion durable des mers et des océans : il y a urgence
Isabelle Joschke, fraîchement arrivée de la Solitaire du Figaro, a souhaité témoigner de l’état des océans. Observatrice privilégiée des pollutions maritimes, la navigatrice ne manque pas d’anecdotes marquantes glanées lors de ses nombreuses courses en mer.
Elle a ainsi rappelé que l’omniprésence des pollutions ne touchait pas que les côtes, mais qu’il s’agissait également d’une réalité frappante au large. Cela se matérialise de façon parfois inattendue, comme lorsqu’Isabelle Joschke a navigué « au milieu d’une mer de pinceaux » en 2008, entre Cherbourg et les îles anglo-normandes.
Souvenons-nous que Jean-Michel Cousteau, Président de GCFT, qualifie les espaces maritimes « de véritables poubelles ». Des gigantesques « continents » de déchets plastiques se sont amassés dans les océans Pacifique Nord et Atlantique. Ils sont pourtant au cœur du système d’eau planétaire, dont dépendent directement la vie, le bien-être et la prospérité de chacun d’entre nous.
Ceci est le résultat de nos comportements quotidiens. 80% des pollutions observées en mer proviennent des terres, dont les quelques 8 millions de détritus qui y sont jetés chaque jour, selon le PNUE. Par ailleurs, l’étendue des pollutions diffuses est encore mal évaluée, et les dégazages sont estimés à un million de tonnes par an – ce qui représente plus de trente fois la cargaison de l’Erika.
Un état des lieux alarmant ? Certes, mais rien d’irréversible pour autant. L’urgence nous pousse à agir pour valoriser les mers et les océans, et ce sont nos comportements qui feront la différence.
Engager la société dans une revalorisation du potentiel des océans
De retour de Rio+20, la conférence des Nations-Unies consacrée au développement durable, le directeur exécutif de GCFT, Nicolas Imbert, a présenté les avancées qui ont pu s’observer sur la thématique des océans. Si 65% de la surface des océans ne fait toujours pas l’objet de réglementation, les acteurs de la société civile sont mobilisés pour aller de l’avant.
Cinq organisations se sont ainsi réunies au sein de « l’Alliance pour les Mers et les Océans » : Nausicaa, Sea Orbiter, Tara Expéditions, World Ocean Network, et Green Cross France et Territoires. Cette alliance vise à fédérer les énergies pour encourager une gestion durable des mers et des océans, et engager la société dans ce qu’elle appelle la « Blue Society ».
GCFT souhaite limiter l’exploitation déraisonnée de l’ensemble des ressources, qu’elles soient halieutiques, mais aussi minières et énergétiques ; les diverses formes de pollutions, la destruction des habitats, les atteintes à la biodiversité et aux écosystèmes (notamment en haute mer), les bouleversements liés aux changements climatiques… Elle désire le faire avec les acteurs économiques, et non dans la logique restrictive de la restauration des écosystèmes pour leur simple conservation.
C’est bien toute la dynamique de l’Alliance pour les Mers et les Océans, qui vise à favoriser une revalorisation du potentiel des mers et des océans comme solution d’avenir pour nos sociétés. Il s’agit de favoriser l’avènement d’une nouvelle société, la « Blue Society », qui repose sur une exploitation pérenne des ressources de la mer et qui ouvre l’accès à de nouvelles richesses et à de nouvelles économies et de nouveaux emplois. En somme, il s’agit de mettre la culture des mers et des océans au cœur d’une dynamique de développement durable construite en partenariat avec tous les acteurs mobilisés dans cette démarche.
Isabelle Joschke, sur son bateau Galettes Saint-Michel (Crédits photos : GCFT)