Green Cross est, avec l’International Chamber of Commerce et Climate Alliance, co-leader de la Coalition Adaptation et Résilience, qui a organisé un forum le 28 septembre lors du sommet Climat Chance, avec pour objectif de délivrer un message clair qui sera inclut dans la feuille de route du sommet.
Dominique Héron, représentant l’ICC, a souligné que le nom de la Coalition a changé depuis sa première rencontre à Lyon, passant de Coalition Adaptation à Coalition Adaptation et Résilience, signe d’une volonté plus forte d’opérationnalité. M. Héron a mentionné le rôle clé des entreprises dans la transition vers une économie plus verte, rappelant que celles-ci1 ne doivent pas rester spectatrices et prendre des initiatives dans cette direction. Les panélistes de l’ICC représentent donc ces entreprises qui bougent : Muriel Morin, responsable RSE de Engie et présidente du Laboratoire Social International, et Dominique Barroux, directeur de Régulation et Affaires légales chez AT&T.
Henri Robert, représentant de Green Cross France et Territoires, a pu présenter les préoccupations actuelles de Green Cross : Comment atténuer ? Anticiper ? Et s’adapter ? Green Cross tente d’apporter des réponses à ces questions en se focalisant sur le littoral et les milieux insulaires, qui sont en première ligne des changements climatiques, mais aussi sur les questions d’agriculture, d’alimentation et d’eau. Ainsi, les panélistes de Green Cross sont : Pr. Bouchta El Moumni, de l’Université Abdelmalek Essaadi (excusé de son absence pour impératif) et Soumynie Kartadiwirja, membre du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, Cheffe de cabinet dans le secteur de l’aménagement foncier, des affaires coutumières, de l’écologie, du développement durable et de la ZEE entre autres.
Lucie Blondel, représentante de Climate Alliance, a rappelé les messages clés de l’alliance pour la table des négociations : celui d’encourager les synergies à travers une gouvernance multi-niveaux et multi-parties. Camilia Born de E3G, think thank activiste, a rappelé les apports de l’accord de Paris tout en soulignant l’importance de passer d’une conversation d’état à état à une conversation incluant tous les acteurs (villes, régions et entreprises). A côté de l’accord de Paris, l’agenda 2030 constitue un agenda intégré qui inclut les questions de pauvreté…
Durant la première partie du forum, deux personnalités ont présenté des pratiques relatives à l’adaptation et la résilience au niveau local, pratiques qui pourront par la suite en inspirer d’autres:
Zuzana Hudekova, de l’Union des cités slovaques et de la REC (Regional Ecological Center) de Bratislava, a présenté les actions de la ville pour devenir plus verte : infrastructures vertes, management des espaces basées sur la nature présente en ville, agriculture urbaine et jardins communautaire, et planification territoriale. Toutes ces actions ont pu être menées grâce à une grande coopération entre les municipalités, les ONG, les gouvernements et les associations de la société civile. Ainsi, Mme Hudekova a insisté dans ses recommandations sur la nécessité de construire des liens et une coopération plus fortes entre les villes pour s’inspirer des bonnes pratiques.
Mamadou Ndong Touré a présenté le département de Gossas au Sénégal et son PCTI, Plan Climat Territorial Intégré. Les changements climatiques posent plusieurs défis : la sécheresse, l’accès à l’eau et la salinisation des terres dans une région où 90% de la population active travaille dans le secteur agricole. Ainsi, le PCTI inclut : la diffusion de l’énergie solaire photovoltaïque, l’éducation à l’environnement (« école verte Fatick »), la protection des forêts et les campagnes de reboisement pour lutter contre la salinisation des sols, la création de « foyers améliorés » pour réduire la pression sur les ressources forestières, l’utilisation de biogaz domestique, et la création d’emplois verts liés à la préservation de l’environnement. Ces différents projets ont été mis en œuvre avec de nombreux partenariats, notamment français comme l’ADEME et les régions Poitou Charentes et Rhône-Alpes. Souhaitant que ce projet qui fonctionne s’étende avec succès à d’autres régions, M. Touré a inclut dans ses recommandations la reconnaissance du niveau infranational comme l’échelle la plus pertinente pour l’adaptation et la résilience aux changements climatiques, ainsi que la facilitation de l’accès aux fonds climatiques pour les collectivités territoriales.
Soumynie Kartadiwirja représentait la Nouvelle Calédonie, en étroite collaboration avec Green Cross France et Territoires, mais aussi toute la région du Pacifique. Elle a présenté la ZEE dont s’est dotée la Nouvelle Calédonie en 2014 qui est aujourd’hui une aire marine protégée de 3 millions de kilomètres carrés (la deuxième plus grande au monde après celle des états unis !), et dont les îles voisines et la société civile coutumière peuvent intégrer le collège. Mme Kartadiwirja a souligné l’importance cruciale de l’intégration de la société civile coutumière. Le schéma d’adaptation se doit d’inclure et répertorier les savoirs traditionnels, car c’est via ces savoirs traditionnels que se fera la résilience.
Clémence Gracia, représentant l’ADEME en Guadeloupe, a expliqué l’action de l’ADEME Guadeloupe qui partage ses connaissances autour de trois axes : l’anticipation, la structuration des acteurs et la montée en compétences et expertises. Mme Gracia a recommandé de favoriser le partage d’expériences et a aussi évoqué la question du financement de l’adaptation.
Muriel Morin a présenté son activité chez Engie, en insistant sur l’importance de l’approche sociale à travers deux axes : celui de l’éducation et de la sensibilisation des jeunes aux questions climatiques (projet Engie « j’apprends l’énergie ») et celui des femmes, pivot central du changement. Mme Morin a elle aussi axé ses recommandations sur un meilleur accès au financement pour les collectivités.
Dominique Barroux, président de la section numérique à l’ICC France, a parlé nouvelles technologies et objets et villes connectés. D’ici 2030, 60% de la population mondiale sera dans les villes. Les technologies peuvent permettre des avancées majeures vers des villes plus vertes et durables : vélos électriques en libre-service, capteurs pour mesurer la qualité de l’air et de l’eau… ne sont que des exemples parmi tant d’autres.
Notons aussi la contribution de Françoise Kiéfé, de WECF (Women in Europe for a Common Future) qui a présenté le cas des femmes arganières au Maroc, et l’action de l’association pour améliorer la résilience de ces femmes. Mme Kartadiwirja a pu rebondir sur cet exemple pour parler de la légifération de la Nouvelle-Calédonie sur les savoirs traditionnels, notamment concernant l’argan et le tressage de sculptures, et sur la notion de résilience en Nouvelle Calédonie qui se fait avant tout avec la nature.
Différentes conclusions se sont donc imposées à l’issue de ce forum. Retenons la nécessité de mobiliser des fonds pour les collectivités locales et celle de reconsidérer l’échelle locale comme la plus à même d’être un vecteur de changement. Retenons aussi l’importance de l’intégration des sociétés coutumières et des savoirs traditionnelsdans l’adaptation et la résilience.
Henri Robert a aussi mentionné pour conclure la déclaration des droits et devoirs de l’humanité, une garantie que l’Onu et les Etats pourraient apporter aux générations futures. Cette déclaration a déjà été signée par de nombreuses personnalités et est à retrouver ici : http://droitshumanite.fr/DU/