En juillet dernier, Green Cross France et Territoires a publié la note Quels enjeux pour le gaz dans la transition énergétique ?, fruit de 18 mois de travaux du Think&do tank «Energie, économie circulaire, villes et territoires durables». Le 18 octobre, ce document a fait l’objet d’une mise en débat avec les différentes parties prenantes, expertes dans le domaine de l’énergie : des professionnels de l’énergie, de la mobilité et de l’environnement, aux représentants des collectivités locales et aux partenaires du débat public sur l’énergie.
Pierre Schoeffler, Conseiller du Président de La Française AM, a expliqué comment son entreprise incluait les émissions évitées grâce aux énergies renouvelables dans leur portefeuille d’actions. Pour permettre à ce dernier d’avoir un cumul d’émissions sur tout le cycle de vie du produit le plus faible possible et pour permettre un alignement sur la trajectoire du mix énergétique, le gaz doit être un outil.
La transition énergétique doit également reposer sur l’économie d’énergie que Myriam Maestroni, Présidente d’Economie d’Energie et de la Fondation e5t nomme la cinquième énergie. Elle a mis l’accent sur la nécessité de la sobriété pour pallier aux problèmes d’accès à l’énergie et améliorer la solidarité Nord-Sud.
Bernard Laponche, physicien nucléaire, polytechnicien, consultant international dans le domaine de l’énergie insiste notamment sur l’importance de développer des progrès d’économie d’énergie en parallèle des programmes de développement du gaz. Le méthane a un impact sur l’effet de serre 60 fois plus puissant que le CO2 et non de 21 comme ce qui est communément accepté. Par ailleurs, il ne faut pas retomber dans les travers de la promotion des avantages du véhicule électrique, avoir une vision à long terme et investir dans la conversion des véhicules existants, au GPL. La note doit d’ailleurs s’appliquer particulièrement à développer des clés pour le secteur des transports.
Pour permettre de réduire l’utilisation des énergies fossiles, le « gaz doit s’inscrire dans une logique de transition tournée vers des usages spécifiques et non un développement de long terme car il contribue tout de même dans une certaine mesure au réchauffement climatique », fait remarquer un participant de l’auditoire. Ainsi, il est essentiel que la note insiste sur les manières de produire du gaz renouvelable et reste prudente quant à l’augmentation de la consommation de gaz.
Les avis de Michèle Sabban, conseillère régionale d’Ile-de-France, et Corinne Lepage, ancienne ministre de l’environnement, ont convergé quant au développement du gaz dans le secteur des transports, malgré une méfiance de la part du consommateur après un accident mortel lié au GPL. Pour Hervé Thomas, délégué Général d’Armateurs de France, qui intervient depuis la salle, une intégration dans la réflexion du transport maritime est indispensable : ce secteur est prêt à enclencher les démarches au niveau des choix industriels, les armateurs sont très volontaristes sur le sujet.
Thanh-Tâm Lê, Directeur général France et Méditerranée, Climate-KIC a expliqué la cohérence d’associer les notions d’énergie et climat ainsi qu’innovation technologique et développement socio-économique. Selon lui, il serait envisageable de travailler sur une échelle régionale ou nationale, sur des terrains divers, pour trouver des solutions reproductibles notamment au niveau européen.
La notion de méthanisation a été évoquée à plusieurs reprises dans le débat, notamment à la suite à l’intervention d’Adrian Deboutière, Chargé de mission à l’Institut de l’Economie Circulaire. Géraud Guibert, Président de La Fabrique Ecologique la qualifie de facteur d’avenir, sous-développé en France. Le « gaz renouvelable » a un bilan énergétique bien différent de celui du « gaz naturel » et un problème d’insertion locale qu’il est important de souligner. Bernard Laponche a d’ailleurs rappelé que les calculs d’équivalence sur les émissions comparées du CO2 et du méthane doivent être définis à un certain horizon car le coefficient d’équivalence entre les deux gaz dépend de cet intervalle de temps.
Un membre de l’auditoire a expliqué que des barrières freinaient le développement de la méthanisation, et que la suppression ou l’assouplissement des seuils chiffrés dans la règlementation permettrait entre autre de favoriser les énergies renouvelables.
Pour Géraud Guibert les choix faits aujourd’hui en termes de logement et transport sont absolument décisifs pour obtenir des résultats dans 10 ans, avec une méfiance à avoir vis-à-vis du retour au chauffage électrique, source de difficultés rencontrées par le mix énergétique.
Jacques Degroote est intervenu depuis la salle et a précisé que la méthanation (P2G) est une voie extrêmement prometteuse et incontournable sur la voie de la transition énergétique. Elle ne pourrait ainsi être mise en œuvre sans captage du CO2 émis par les émetteurs industriels. Il a pointé du doigt les ONGs qui affirment que les technologies de captage (Capture Carbon Utilisation (CCU) et Capture Carbon and Storage (CCS)) sont une incitation aux industriels utilisateurs de ressources énergétiques fossiles. Le CO2 est ainsi une ressource incontournable tant de la photosynthèse que de la méthanation.
Pierre Astruc, aussi présent dans la salle a rajouté que le CCS est également inévitable pour la trajectoire à 2°C, même si le recours à cette méthode ne doit être envisagée que pendant quelques décennies.
La synthèse de ce débat permet de distinguer les points suivants : la nécessité de sensibilisation et communication, l’enjeu d’insertion locale pour développer la méthanisation ainsi que la nécessité d’une réflexion sur la totalité de l’écosystème et d’une inclusion des nouvelles frontières, comme le transport maritime et les techniques de séquestration de C02.
Il y aura par la suite d’une part, des réunions de mise en débat grand public, d’autre part une présentation des travaux de GCFT aux législateurs (Ministères, Assemblée Nationale, Sénat, Europe, Régions…), en anticipation des travaux sur la Programmation Pluriannuelle de l’Energie, sur la mobilité, sur la transition agricole et alimentaire…
Quelques photos pour revivre la mise en débat: