La CoP22, qui entame ce jour son segment présidentiel notamment, en présence du Roi du Maroc Mohammed VI et du Président de la République Française François Hollande, n’a désormais plus que 72 heures pour aboutir à un accord des solutions, concret et à la hauteur des enjeux.
Le temps presse. Les thématiques de l’eau et l’agriculture connaissent des avancées, notamment par une mobilisation de l’Afrique qui se structure de plus en plus concrètement.
Le financement apparaît , une fois de plus, comme l’un des sujets les plus délicats. L’évolution récente de la situation géopolitique rendant difficile un accord global concret et des dotations immédiates permettant dès maintenant de mobiliser les investissements.
Dans ce contexte, les initiatives des acteurs non-étatiques, et notamment la création du fond vert pour les femmes sous l’égide du R20+, des fondations Schwarzenegger et Di Caprio, sont remarquables par leur caractère immédiatement opérationnel, la qualité des projets candidats au financement et leur capacité à être répliqué. Mais ces initiatives, quelle que soit leur valeur, ne doivent faire oublier une mobilisation étatique qui n’est pas à la hauteur des enjeux.
La CoP 21 avait consacré et mis en avant les îles et territoires insulaires, petits par leur surface terrestre mais grands territoires maritime. L’Accord de Paris insistait en particulier sur l’importance d’un accompagnement à la résilience, à l’adaptation et à l’atténuation des émissions de ces îles et territoires insulaires.mais, ils sont malheureusement inaudibles en ce début de CoP 22. Le Maroc a invité les petits Etats Insulaires, mais l’agenda de négociation ne leur permet pas une expression à la hauteur des enjeux.
M. Anthony Lecren, Ministre de l’Environnement et des Affaires Coutumières de Nouvelle-Calédonie, initiateur des Oceania Meetings, précise « il n’y a pas de compétition, mais un océan de solidarité entre le Pacifique et l’Afrique, dont le Maroc est au cœur. Nous devons désormais avancer beaucoup plus vite, et beaucoup plus concrètement. C’est pourquoi nous allons mettre en place, en 2017, le Green Pasifik Festival permettant de rendre concrète pour tous la nécessaire transition écologique de nos territoires terrestres et marins. C’est une manière concrète de mettre en mouvement toutes nos forces des territoires, des associations et des entreprises, en n’oubliant ni les échanges culturelles, ni les réalisations concrètes, ni les solidarités humaines ».
M. Bran Quinquis, Délégué intergouvernemental au dérèglement climatique pour la Polynésie Française, enchaîne « avec le Polynesian Leaders Group, nous mettons en place les outils et moyens pour améliorer notre résilience, tant en atténuation qu’en adaptation, et pour protéger notre océan commun, principal régulateur du climat mondial. Mais nous avons besoin d’être soutenus, notamment car les moyens mobilisés ne sont que très partiellement à la hauteur du dérèglement climatique que nous subissons. Et ce, de manière coordonnée avec tous nos collègues des grands pays océaniques. »
Demandée par le Président François Hollande en prévision de la CoP 21, la Déclaration des Droits de l’Humanité peut permettre dans ce contexte d’apporter des outils juridiques adaptés à la transition écologique et humaine que nos sociétés réclament. Le groupe de travail ayant conduit à cette déclaration, présidée par Mme Corinne Lepage, a été très présent lors de cette première partie de la CoP.
Mme Corinne Lepage, avocate, ancienne ministre et coordinatrice de la mission sur la Déclaration des Droits de l’Humanité, déclare : « nous avons de nombreux Etats intéressés par la Déclaration. Les territoires, en particulier les Régions et villes capitales suivent actuellement l’exemple donné par Paris et Strasbourg, premières villes ayant reconnu cette déclaration des Droits de l’Humanité. Dans un contexte où les conférences des parties doivent démontrer des acquis concrets par rapport à leurs parties prenantes, cette Déclaration est un très bon outil, à reconnaitre rapidement et mondialement pour marquer concrètement la mise en action du cadre ratifié de l’Accord de Paris ».
Mme Houria Tazi Sadeq, Présidente de la Coalition Marocaine pour l’Eau, témoigne « La COP 22 a, après 21 COP , replacé la question de l’eau à sa juste place. Première victime des changements climatiques, l’eau se révèle via les INDC être LA priorité des pays du Continent africain. C’est une question transversale, qui devrait être abordée selon une approche globale dans le cadre du cycle de l’eau. Dès lors le littoral, cet entre deux entre la terre et la mer , exige une attention complémentaire. La résilience pour le Continent africain passe par des mécanismes multi acteurs, un financement conséquent, le renforcement des capacités et surtout une solidarité. C’est pourquoi la Déclaration pour l’Humanité se présente comme un texte pertinent qui renforcerait le droit a l’eau et encouragerait à son effectivité! »
Nicolas Imbert, directeur de Green Cross, confirme « Il y a donc urgence, dans les 72 heures de négociation restant, à agir concrètement pour que cette CoP 22 soit vraiment la conférence des solutions, par des financements à la hauteur des engagements déjà pris, par une meilleure mobilisation vis-à-vis des territoires insulaires, et par une transition écologique de nos sociétés, via notamment la Déclaration des Droits de l’Humanité.
Ceci est encore possible, mais doit faire l’objet d’une volonté politique et opérationnelle de chaque instant. »
En conclusion, Jean-Michel Cousteau, Président de Green Cross France et Territoires, Chairman de Green Cross International, confirme “en assurant la transition écologique de nos économies, nous avons l’opportunité de créer des millions de jobs non délocalisables. C’est comme ceci que l’espèce humaine sera capable de prendre les mesures pour se sauver elle-même. Agissons maintenant encore plus et plus vite, il y a urgence ! Et commençons en 2017 par sortir les déchets plastiques de l’océan, en changeant nos comportements et en réparant la planète.”
Vous trouverez également de nouvelles vidéos sur la WebTV:
- Bran Quinquis, délégué interministériel de Polynésie Française au déréglement climatique: https://vimeo.com/191243638
- Gino van Begin, secrétaire général d’ICLEI (en anglais): https://vimeo.com/191731970
- Sylvie Fayolle, vice-présidente de Saint-Etienne Métropole en charge du développement durable: https://vimeo.com/191736774
- Maina Sage, députée de Polynésie Française, qui réaffirme qu’il ne peux pas y avoir de migration positive: https://vimeo.com/191241719
- Michel Prieur, président du Centre International de Droit Comparé de l’Environnement: https://vimeo.com/191100756
- Jean Launay, Président du Partenariat Français pour l’Eau, qui s’exprime lors de la Journée Eau à la CoP22: https://vimeo.com/190775795
- Nicolas Imbert, directeur de Green Cross France et Territoires, qui salue la création de la Coalition Marocaine pour l’Eau, dont Green Cross est partenaire: https://vimeo.com/190946182
Notre plaidoyer
Les conférences climat ne réussissent que si elles sont portées par des élans citoyens. Plus que jamais, il est essentiel de se mobiliser pour des avancées climat concrètes, à la hauteur des enjeux, et d’obtenir une mise en place rapide et concrète de l’Accord de Paris. Car il y a urgence.
La COP21 de Paris a été historique (cf. cop21.mobi) car elle a enregistré un accord global, l’Accord de Paris, qui entrera en vigueur le 4 novembre 2016, et permet d’avoir des contributions nationales concrètes (INDC puis NDC) précisant les engagements de chacun pour réaliser cet accord.
A ce jour, 84 pays représentant 61% des émissions carbone de la planète, ont ratifié l’Accord. Après cet accord historique, la COP22 se veut être celle de l’action, dans la continuité de la COP21.
Les 5 axes de la COP22 annoncés par le gouvernement marocain
Axe 1 : Être dans la continuité de l’accord de Paris
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LES 11 OBJECTIFS DE GREEN CROSS POUR LA COP 22
7 objectifs relevant de la négociation :
- Accroître rapidement, et d’ici à mi-2017, la ratification de l’Accord de Paris, et s’assurer de la bonne mise en place de ces engagements
- Mieux faire reconnaitre les liens entre santé, climat et environnement, ainsi que l’importance d’une approche inclusive de la santé environnementale
- Continuer la publication des INDC, et vérifier la bonne transcription des INDC en NDC
- Développer l’accès aux financements, tant en adaptation et en atténuation, pour les territoires les plus vulnérables
- Développer la reconnaissance et la mise en réseau des savoirs traditionnels
- Reconnaître et faire reconnaître la Déclaration des Droits et Devoirs de l’Humanité (DuDHu) comme outil juridique structurant pour la transition écologique des territoires
- Mettre en place une stratégie inclusive et opérationnelle de coopération et de coconstruction internationale sur la préservation de l’océan, en commençant par le littoral
4 objectifs relevant des territoires :
- Mettre en place des schémas et plans d’adaptation opérationnels et territorialisés
- Développer ou accélérer des politiques territoriales ambitieuses de transition écologique
- Généraliser les démarches d’économie circulaire territoriale
- Encourager la co-construction territoriale
POUR EN SAVOIR PLUS
Si vous souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas à consulter notre Guide de la CoP22, en 48 pages.