Depuis quelques jours, Volkswagen est au centre d’une vaste polémique. Le groupe a manipulé la mesure de ses émissions polluantes de ses véhicules diesel aux Etats-Unis.
Nous pensons que cette accusation ne concerne pas uniquement le groupe Volkswagen, mais qu’un grand nombre de constructeurs européens, américains et asiatiques ont procédé de même, et ce probablement depuis les années 2004 et 2005. Des indiscrétions laissent supposer que ces constructeurs auraient demandé et intégré dans les cahiers des charges et spécifications fonctionnelles transmises aux équipementiers des clauses demandant la détection des procédures de test standardisées (que ce soit sur les normes américaines ou européennes), et la détérioration du fonctionnement moteur habituel pour être dans un mode de moindres émissions (CO2 et NOX) disparaissant une fois le test effectué.
Le prix de cette “tricherie” ? Nous en payons un lourd tribu, en particulier en France, pays le plus diésélisé d’Europe : une qualité de l’air largement détériorée (en particulier à Paris), et les maladies chroniques, pertes de bien-être et pertes économiques associées. Le préjudice environnemental est malheureusement avéré.
Ce scandale nécessite une réaction sans délai du législatif, de l’exécutif et des opérateurs économiques:
par exemple, pour le législatif, aux niveaux européen et national d’auditionner sans délai toute la filière automobile, en commençant par les constructeurs et les équipementiers de rang 1, mais sans oublier les opérateurs de contrôle technique et gestionnaire de flotte, pour identifier les parcs de véhicules en circulation, et envisager les procédures de rétrofit ou de retrait de flotte à la hauteur de l’urgence,
une mise à jour sans délai des tests européens doit également être envisagée pour que le cycle européen reflète les conditions réelles, accompagné d’une procédure open source et open data afin que les algorithmes de contrôle moteur puissent être vérifiés et contrôlés à tout instant,
les constructeurs automobiles et leurs sous-traitants doivent également prendre leurs responsabilités et proposer des mesures pro-actives et ré-actives de rétrofit et de retrait de flotte, à la hauteur du scandale et de la dégradation de la qualité de l’air.
De nombreux constructeurs s’approvisionnant sur les pièces incriminées auprès des mêmes sous-traitants de rang 1, ce sont bien tous les constructeurs et sous-traitants de rang 1 opérant sur le marché européen qui doivent être questionnés.
A quelques semaines de l’ouverture de ParisClimat2015, ce scandale pose la question de prendre des mesures à la hauteur de l’urgence climatique, notamment sur la fixation d’un prix au carbone, la transparence et l’auditabilité sur les engagements des Etats et des entreprises, et la nécessité d’avoir une approche inclusive sur les territoires, où les questions climatique, de pollution de l’air, de l’eau, des sols et des océans et de qualité de vie sont directement liés.
En France, ce scandale nous questionne sur:
l’avantage compétitif et le subventionnement direct au gazole, ainsi que la nécessité de réaligner de manière urgente les taxes sur celles de l’essence,
la nécessité de faire un fonds d’urgence pour la préservation de la qualité de l’air où les constructeurs automobiles abondent à la hauteur du préjudice généré, et ce sans financement public,
le questionnement de l’addiction des investissements publics et de filière français pour des innovations risquées (hybridation diesel qui émettra vraisemblablement beaucoup de particules), au détriment de filières reconnues pour leur performance écologique (comme le gaz – GPL ou autres – fortement développé et mature en Italie, Belgique, Grande Bretagne, Argentine…),
la nécessité de rétrofiter ou de retirer en urgence du parc 10 millions de véhicules potentiellement impactés par ce scandale de calculateur, anormalement émetteurs de CO2 et/ou de particules, et dont une grande partie a par ailleurs été acheté avec des “primes écologiques” qu’en toute logique les constructeurs devraient désormais rembourser à l’Etat à la hauteur de la “tricherie effectuée.
Les véhicules partagés, l’économie de fonctionnalité et l’économie circulaire peuvent apporter des réponses, notamment via des véhicules électriques partagés, mais à condition de passer d’être conçues avec des sources d’énergies renouvelables 4D (Déconcentrées, Décarbonées, Diversifiées, Démocratiques) à la hauteur du développement du parc roulant.
A minima, des propositions gouvernementales et une mission d’enquête parlementaire s’impose sur ce scandale, pour des réponses appropriées et qui prennent également en compte l’impact sur l’emploi d’une filière automobile en conversion. Les solutions existent, mais les curseurs de gouvernance publique, de législation, fiscaux et de répression doivent être profondément repositionnés. Il en va de la reconquête d’un air de qualité, de notre capacité à lutter réellement contre le dérèglement climatique et de notre crédibilité à mettre en place la transition écologique de nos économies. Il en va également de notre santé et de notre qualité de vie.
L’équipe Green Cross France et Territoires