L’expansion.com |16.11.2011|
EXCLUSIF. Les antibiotiques sont de moins en moins efficaces en santé humaine. En cause, leur utilisation intensive en élevage animal. Un plan d’action va être lancé.
Quarante mesures pour maîtriser l’usage des antibiotiques en élevage animal: c’est l’objectif du Plan national que va dévoiler, ce jeudi 17 novembre, la Direction générale de l’Alimentation (DGAL), qui dépend du ministère de l’Agriculture.
L’enjeu est crucial. Utilisé de façon intensive en médecine vétérinaire, les antibiotiques perdent progressivement de leur efficacité – certaines bactéries devenant ” antibiorésistantes “. Les conséquences en sont néfastes sur la santé animale, mais aussi, par répercussion, sur la santé humaine. Les infections causées par des micro-organismes résistants aux antimicrobiens seraient ainsi responsables, chaque année en Europe, de 25.000 décès, selon une étude du Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies (2009).
Ce plan a trois vocations. D’abord, sensibiliser tous les acteurs de la chaîne animale (éleveurs, vétérinaires, pharmaciens-grossistes, laboratoires) aux risques d’un usage intensif d’antibiotiques. ” Nous voulons en réduire l’usage de 25% dans les cinq prochaines années “, annonce Jean-Luc Angot, directeur-général adjoint au sein de la DGAL. Un objectif réaliste, à condition que les efforts de sensibilisation, menés depuis quelques années par les services de l’Etat, se poursuivent. En 2009, le volume total des ventes d’antibios s’élevaient à 1067 tonnes. Et l’exposition des animaux aux antibiotiques avait crû, entre 1999 et 2009, de 12,6%. Depuis, ce ” taux d’exposition ” a baissé. La décrue doit se confirmer.
Ensuite, interdire l’usage des antibiotiques ” critiques “, c’est-à-dire ceux dont il faut absolument préserver l’efficacité pour l’homme. Deux ” familles “sont concernées : les fluoroquinolones et les céphalosporines de troisième et quatrième génération.
Enfin, trouver une alternative aux antibios. Piste privilégiée : la recherche de nouveaux vaccins, notamment dans le domaine des infections bactérielles digestives (salmonelle, colibacille). Une bonne nouvelle pour les labos vétérinaires, qui pourront ainsi compenser la baisse prévisible de ventes d’antibiotiques par la mise sur le marché de nouveaux vaccins.
Démarrée en mars 2011, cette réflexion aura certainement des répercussions internationales. C’est en tout cas l’espoir de la DGAL, qui aimerait que les conclusions de ce plan d’action trouvent un écho à l’OMC, et contribuent à l’élaboration de normes internationales. Il faut savoir qu’en Chine, et même aux Etats-Unis, les antibiotiques sont largement utilisés à titre préventif dans l’élevage, comme promoteurs de croissance.
Charles Haquet
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