L’industrie, la pharmacopée, le patrimoine… les végétaux sont au cœur d’enjeux innombrable. Ils sont tout autant assez peu protégés et ainsi restent très largement soumis à l’avidité, la prédation et, globalement, à la destruction voire à la disparition pure et simple.
Généralement, les végétaux rencontrent la problématique de la protection juridique dans le cadre de la protection industrielle et des brevets. Il s’agit de droit de la propriété intellectuelle sur des espèces nouvelles, distinctes, homogènes et stables qui s’applique donc sur un des végétaux rentrant dans la case des produits et du commerce.
Les végétaux patrimoniaux en revanche ne bénéficient pas de ces protections et ne bénéficient d’ailleurs d’aucune protection spécifique. Seules leur présence sur des lieux protégés avec notamment interdiction de ramassage ou de piétinement leur assure une protection. Il existe bien la question de la labellisation, mais il n’est pas là question de protection, mais bien d’image.
La protection des espèces végétales patrimoniales revêt pourtant un intérêt fondamental. Les végétaux patrimoniaux sont porteurs d’une histoire qui les a amenés à s’adapter à un territoire et à participer aux cycles biologiques et trophiques locaux. Ils sont en la matière porteurs d’un patrimoine génétique reflétant cette histoire et cette adaptation. Cette information peut être très intéressante dans à l’étude de l’adaptation de végétaux, ce qui en temps de dérèglement climatique est une évidence. De même, en participant à la chaine trophique, les végétaux contribuent à la typicité des éléments floristiques et faunistiques locaux. N’oublions jamais qu’un territoire est un équilibre entre ses éléments et donc, si pour une quelconque raison, l’un des éléments est mis en risques, c’est tout le territoire qui gagne ainsi en risque. Cet exemple génétique n’est qu’un des enjeux nombreux, mais il illustre terriblement l’intérêt que nous nous devons, de manière écosystémique, à protéger les végétaux patrimoniaux.
Cette vulnérabilité intrinsèque peut être contrée par la protection, notamment juridique. Ce sujet doit d’autant plus nous intéresser que l’érosion de la biodiversité fait peser, jour après jour de plus en plus, une pression croissante sur les végétaux. La patrimonialité, élargie au monde du vivant, peut ainsi donner une valeur au moins juridique (et donc une protection) au patrimoine végétal (et au-delà, bien entendu) en fournissant un cadre protecteur.
Cette question, les possibilités actuelles et les ambitions souhaitables doivent nous interroger car il s’agit autant d’un enjeu patrimoniale que d’un enjeu de biodiversité et d’un enjeu de sécurité par la protection de la diversité génétique.